Le chirurgien, Jean-Paul Gournier

1999 - 2009

L’affaire :

Le 30 novembre 1999 vers 11 heures du matin les pompiers qui pénétraient dans la villa des époux GOURNIER qui ne donnaient pas signe de vie, et après avoir fracturé la porte du garage, découvraient dans la salle à manger les cadavres des époux GOURNIER.

L’homme et la femme étaient normalement vêtus mais un certain nombre d’éléments laissait à penser aux premiers intervenants qu’il pouvait s’agir d’un suicide.

En effet, un fer à repasser branché était retrouvé posé sur un rideau de nylon, tandis qu’une bouteille de gaz était éclairée.

Il ressortait des vérifications et des expertises qui prenaient plusieurs mois, que les époux GOURNIER étaient décédés à la suite d’une injection de tracrium, un curare qu’il était impossible de se procurer sur le marché et qui ne pouvait être trouvé que dans la pharmacie d’un hôpital.

Le fils des époux GOURNIER, chirurgien, qui expliquait leur avoir rendu visite la veille, était dès lors soupçonné, et ce d’autant plus qu’il apparaissait dans une situation financière un peu difficile, qu’il avait emprunté de l’argent à sa mère et qu’à la suite du décès de ses parents il avait hérité d’une somme relativement importante.

Jean-Paul Gournier a toujours nié.

Condamné une première fois par la Cour d’assises de la Loire à une peine de 25 années de réclusion criminelle, il a été acquitté par la Cour d’assises d’appel du Rhône.

Pour expliquer le décès de ses parents et face aux charges qui s’accumulaient contre lui, le Docteur Gournier, dernière personne à les avoir rencontrés, a successivement soutenu qu’en fait ses parents auraient pu se suicider d’un commun accord ou que sa mère aurait pu tuer son père avant de se suicider.

Le problème dans cette dernière théorie étant que Geneviève Gournier n’aurait pas eu le temps dans l’hypothèse d’un suicide de détruire ou de dissimuler seringue, aiguille et ampoule qui n’avaient pas été retrouvées.

Par ailleurs s’il est vrai que certains proches avaient décrit Geneviève Gournier comme étant dépressive, résultent d’autres témoignages qui se situent tout près du moment des faits, qu’elle envisageait de voyager et même de divorcer de son mari dont elle savait qu’il la trompait.

Quant à celui-ci il était unanimement dépeint comme un bon vivant, n’ayant aucune tendance suicidaire. Il apparaissait donc douteux qu’il se soit suicidé ou qu’il se soit laissé « suicider ».

L’hypothèse que Geneviève Gournier ait empoisonné son mari par injection puis se soit suicidée soulevait en tout état de cause de nombreuses questions :

  • Comment André Gournier aurait-il pu subir sans réagir une injection dont on sait qu’elle prend une certaine durée ?
  • Geneviève Gournier était-elle capable de tuer ?
  • Pourquoi tuer avant de se supprimer ?
  • Pourquoi Geneviève Gournier n’aurait-elle pas laissé de lettre indiquant son intention de mettre fin à ses jours ?
  • Comment aurait-elle pu se débarrasser d’une ampoule, d’une seringue et d’une aiguille après s’être injectée une dose mortelle de tracrium dont le délai d’action reste très court ?
  • Quel intérêt aurait-elle eu , ayant choisi de disparaître, de dissimuler ou de détruire ampoule, seringue et aiguille ?
  • Comment aurait-elle pu se procurer du tracrium et comment aurait-elle pu conserver ce produit au froid et à l’insu de son mari ?

Comme le relevait l’accusation, toutes ces questions ne se posent plus si on admet une intervention extérieure et si on a injecté aux victimes un produit mortel alors qu’elles pensaient qu’on leur injectait un produit pour remédier à leurs malaises.

Jean-Paul Gournier reconnaissait être passé la veille de la découverte du corps de ses parents chez ceux-ci qui lui avaient fait part de « malaises » qu’ils présentaient.

En tout état de cause, les expertises étaient formelles et il ne paraissait pas possible que Geneviève Gournier, âgée de presque 82 ans, ait pu s’injecter une dose d’un certain volume, ce qui suppose un certain temps et un commencement des faits avant la fin de l’injection, puis faire disparaitre aiguille et seringue avant de reprendre sa place sur un fauteuil avant de mourir.

A la vue de ces éléments, la Cour d’assises de la Loire a condamné Jean-Paul Gournier à 25 ans de réclusion.

Rejugé par la Cour d’assises d’appel de Rhône, Jean-Paul Gournier avait obtenu de sa vieille tante qu’elle ne maintienne pas sa constitution de partie civile, lui qui dans le cadre de l’information avait en particulier dans les écoutes téléphoniques manifesté son inquiétude s’il devait faire face à une telle partie civile et surtout à son conseil…

Il a été acquitté au bénéfice du doute.

 

La presse :

 

FAITES ENTRER L’ACCUSÉ : « André et Geneviève Gournier : Morts sans ordonnance »