L’affaire :
Son Altesse Sérénissime le Prince de Rastenberg, alias Patrice Bouix, a défrayé la chronique à la fin des années 1970.
Patrice Bouix est né à la maison d’arrêt de la Santé où sa mère était incarcérée pour des faits criminels : « Elle avait volé chez ses patrons », ce qui constituait à l’époque un crime.
Etant enceinte, elle avait accouchée dans l’établissement pénitentiaire et avait pu garder pendant quelques mois son enfant.
Celui-ci avait ensuite été élevé par des grands-parents dans un village où très tôt il était montré du doigt comme « le fils de la voleuse ».
A l’adolescence, il quitte le village pour se rendre dans le sud de la France où il effectuera de petits boulots tandis que sa vie personnelle bascule puisqu’il sera initié à l’homosexualité, dira-t-il, par des ecclésiastiques de rencontre.
Il en nourrira un désir profond, relevé par les psychiatres, de se venger de ceux qui ont profité de sa détresse.
Alors que très beau jeune homme il fréquente les milieux gays parisiens, il va être à l’origine d’une escroquerie qu’il exportera dans le monde entier…
Le postulat en était très simple : Il avait fait établir un faux numéro du magazine « Le Point » dans lequel figurait une photographie de lui-même en tenu d’apparat, un montage où on le voyait recevoir l’accolade du Pape Paul VI et serrant la main du Président de la République de l’époque.
Il va ensuite se rendre chez des curés, évêques, moines, en expliquant chaque fois la même histoire :
« Je suis le Prince de Rastenberg, cousin du Roi du Danemark. Je suis homosexuel et cette nuit j’ai eu une aventure avec un homme qui m’a pris mes papiers et tous mes moyens de paiement. Or je suis attendu demain pour une visite officielle (le lieu et l’autorité variaient selon l’interlocuteur, à savoir le Président américain, la Reine d’Angleterre, l’Empereur Hiro Hito,) mais je ne suis plus en mesure d’effectuer ce voyage compte tenu de la situation et je viens vous voir pour me confesser car il ne me reste plus qu’à me suicider. »
Naturellement l’ecclésiastique tentait de l’aider à trouver une solution, le suicide paraissant un peu trop radical, s’étonnait qu’il ne veuille pas prendre contact avec l’Ambassade du Danemark (cela s’avérait impossible à cause de son homosexualité et du scandale qui en découlerait). Finalement dans la quasi-totalité des cas, il s’avérait que si effectivement il pouvait se retrouver à son point de chute prévu, il aurait sans doute l’opportunité de demander aux autorités consulaires danoises sur place de l’aider.
Seul restait à résoudre le problème du règlement du billet d’avion pour s’y rendre. Dans tous les cas, l’ecclésiastique proposait de lui avancer la somme pour qu’il puisse décrocher ce fameux sésame.
Les sommes remises étaient naturellement en rapport avec la longueur du voyage…
Par le biais de cette seule histoire et une force de conviction au dessus de la moyenne, Patrice Bouix a réussi à convaincre des centaines d’ecclésiastiques dans le monde entier, en Amérique du sud, en Amérique du Nord, en Afrique, même jusqu’au Vatican, de lui remettre des sommes extrêmement importantes.
Le Parquet de Paris s’étant saisi des plaintes émanant de très nombreux pays dans le monde, a émis un mandat d’arrêt international. Mais c’est finalement Bouix lui-même qui s’est rendu.
Jugé par le Tribunal Correctionnel de Paris, aucune partie civile ne s’étant manifestée… il a été condamné à une simple peine de 3 ans d’emprisonnement.